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2 - SERVICE CLIENT

  ASTRAL SLAYER

  CHAPITRE 2 : SERVICE CLIENT

  Le siège de Hellraisers Inc. n'avait rien à voir avec les bureaux rutilants des entreprises de sécurité légitimes. Niché au troisième étage d'un immeuble industriel reconverti dans les quartiers est, entre un tatoueur spécialisé dans l'occulte et un magasin d'antiquités aux origines douteuses, l'agence cultivait la discrétion tout en restant accessible à sa clientèle particulière.

  Max poussa la porte vitrée ornée d'un logo à moitié effacé : un pentagramme stylisé traversé par un éclair. La réceptionniste – une femme d'age indéterminé aux cheveux teints en violet – leva à peine les yeux de son écran.

  "T'es en retard," marmonna-t-elle en machonnant un chewing-gum.

  "Bonjour à toi aussi, Gloria. Ravissante comme toujours." Max lui adressa un clin d'?il qu'elle ignora superbement. "Le vieux est là ?"

  "Bureau du fond. De mauvais poil. Mais quand ne l'est-il pas ?"

  Max traversa l'open space miteux, saluant au passage les rares "consultants" présents. Contrairement à l'image glamour des chasseurs de démons véhiculée par la pop culture, la plupart ressemblaient à des mercenaires au ch?mage ou à des vétérans défra?chis. Certains portaient des cicatrices impossibles à expliquer médicalement, d'autres dissimulaient sous leurs vêtements des tatouages de protection ou des amulettes. Tous avaient ce même regard – celui qui avait vu trop de choses que l'esprit humain n'était pas con?u pour comprendre.

  Le bureau de Johnson était séparé du reste par une cloison en verre dépoli. Max frappa deux coups rapides avant d'entrer sans attendre de réponse.

  "Le con du roi est de retour, avec une victoire de plus à son tableau de chasse !" annon?a-t-il en se laissant tomber sur la chaise face au bureau encombré.

  Abraham Johnson leva ses yeux fatigués du dossier qu'il consultait. à soixante ans passés, l'ancien militaire reconverti en entrepreneur du paranormal avait le visage buriné d'un homme qui avait passé sa vie à combattre des menaces que le commun des mortels ne soup?onnait même pas. Un patch couvrait son ?il gauche – perdu, selon la légende, lors d'un face-à-face avec un démon majeur dans les années 90.

  "Delacroix. Toujours aussi modeste."

  "Qu'est-ce que je peux dire ? L'excellence mérite d'être célébrée." Max posa ses bottes crottées sur le bureau, provoquant un soupir exaspéré de Johnson.

  "J'ai re?u l'appel du Crillon. Tu leur as co?té une fortune en dégats."

  "Techniquement, c'est le démon qui a cassé la plupart des trucs. Moi, j'ai juste... réarrangé quelques meubles. Et peut-être mis le feu à la cuisine. Une fois. Brièvement."

  Johnson secoua la tête, mais Max pouvait distinguer l'ombre d'un sourire sur ses lèvres.

  "?a reste un de tes travaux les plus propres. Probablement parce que t'avais besoin de thunes." Il poussa une enveloppe à travers le bureau. "Ton paiement, moins les dégats, moins ta dette envers l'agence, moins l'avance que je t'ai faite le mois dernier."

  Max saisit l'enveloppe et en examina le contenu avec une grimace. "C'est une blague ? Il reste à peine de quoi payer mon loyer !"

  "T'as un loyer, toi ? Je pensais que tu squattais sous les ponts en compagnie des rats."

  "Ha. Ha. Hilarant. La vérité, c'est que j'ai effectivement besoin d'un nouveau toit. Le vieux Kowalski m'a foutu à la porte ce matin."

  "Encore ? C'est quoi cette fois ? Tu as invoqué un poltergeist dans les toilettes communes ?"

  "Non, c'était l'année dernière. Cette fois, c'est juste une histoire de loyers impayés." Max haussa les épaules. "Des broutilles administratives."

  Johnson sortit un cigare de son tiroir, l'alluma méthodiquement. "Tu devrais suivre l'exemple de Rodriguez. Il vit dans un cimetière depuis trois ans. Zéro loyer, et les voisins sont silencieux."

  "Ouais, sauf pendant la pleine lune," répliqua Max en faisant référence à un incident impliquant des zombies que tout le monde essayait d'oublier. "Alors, c'est quoi cette mission urgente dont tu parlais ?"

  L'?il unique de Johnson se plissa. "Quelque chose de bizarre, même selon nos standards. Ces dernières semaines, les activités démoniaques ont triplé. Et je ne parle pas des habituelles possessions du dimanche ou des poltergeists dans les maisons de retraite. Je parle de brèches, d'apparitions spontanées d'entités de catégorie moyenne à élevée."

  Max hocha lentement la tête. "J'ai remarqué aussi. La micro-brèche au Crillon... c'était la troisième cette semaine."

  "Exactement. Et personne n'a d'explication. Les brèches ne se forment pas comme ?a, sans raison."

  "Tu penses à quoi ? Un rituel ?"

  Johnson tira sur son cigare, laissant échapper un nuage de fumée acre. "Possible. Ou quelqu'un qui joue avec des fréquences qu'il ne comprend pas."

  Max allait répondre quand la porte du bureau s'ouvrit brusquement. Gloria apparut, l'air vaguement embarrassée – une expression si inhabituelle sur son visage qu'elle attira immédiatement l'attention.

  "Boss... Il y a quelqu'un pour vous voir. Une cliente. Elle insiste."

  "Dis-lui de prendre rendez-vous," grommela Johnson.

  "J'ai essayé. Elle... Elle est assez persuasive."

  Avant que Johnson ne puisse répondre, une femme apparut derrière Gloria. Max se redressa instinctivement, retirant ses pieds du bureau. Elle était grande, élancée, vêtue d'un tailleur noir dont la coupe impeccable hurlait "hors de prix". Ses cheveux auburn étaient tirés en un chignon sévère qui accentuait ses pommettes hautes et son regard per?ant.

  "Monsieur Johnson ? Je suis Victoria Blackwood. Mon père m'a assurée que vous étiez l'homme de la situation."

  La voix était cultivée, légèrement tra?nante – l'accent des quartiers nord où les manoirs s'étalaient sur plusieurs hectares. Max connaissait les Blackwood de réputation : une famille d'industriels richissimes possédant la moitié des usines de la c?te est.

  Johnson se leva, soudain professionnel. "Mademoiselle Blackwood. Edward m'a contacté il y a des années, effectivement. Un problème avec une relique familiale, si je me souviens bien."

  "Exactement." Ses yeux verts balayèrent la pièce, s'attardant brièvement sur Max avec un mélange de dédain et de curiosité. "Je vois que vos... installations sont aussi rustiques que mon père l'avait décrit."

  Max ne put s'empêcher d'intervenir. "On compense par notre charme naturel et notre efficacité mortelle."

  Elle l'ignora superbement, reportant son attention sur Johnson. "Je ne passerai pas par quatre chemins. J'ai besoin de protection. Des événements étranges se produisent autour de moi. D'abord de petits incidents – objets déplacés, chuchotements dans le noir – mais depuis trois jours, c'est devenu plus... agressif."

  Max échangea un regard avec Johnson. Ce genre de récit, ils l'avaient entendu des centaines de fois. Neuf fois sur dix, il s'agissait d'une imagination trop fertile, de phénomènes parfaitement explicables, ou – dans le cas des riches – d'employés mécontents jouant des tours.

  "Qu'entendez-vous par 'agressif', Mademoiselle Blackwood ?" demanda Johnson avec son professionnalisme habituel.

  Elle hésita, puis ouvrit son sac à main pour en sortir un smartphone dernier cri. Après quelques manipulations, elle leur montra une photo. Max se pencha pour mieux voir et sentit son sang se glacer. Sur l'image, on distinguait clairement un message gravé dans ce qui semblait être du bois précieux : "RéSONANCE 7. BIENT?T."

  "C'est apparu sur ma table de chevet hier matin. Je n'ai rien entendu pendant la nuit."

  Elle fit défiler rapidement vers la photo suivante, mais dans sa nervosité, son doigt glissa trop loin. L'écran afficha brièvement ce qui était manifestement un selfie pris dans une salle de bain luxueuse – Victoria, vêtue uniquement d'une serviette stratégiquement placée, se photographiant dans un miroir en pied.

  "Oh !" Elle retira vivement le téléphone, les joues légèrement empourprées, et manipula l'écran précipitamment pour revenir à la photo pertinente.

  If you encounter this narrative on Amazon, note that it's taken without the author's consent. Report it.

  Max et Johnson échangèrent un regard. Le vétéran resta sto?que, tandis que Max se mordait la lèvre, visiblement en lutte intérieure pour retenir un commentaire.

  "Je vois que vous documentez... minutieusement tous les aspects de votre vie, Mademoiselle Blackwood," lacha-t-il finalement avec un sourire en coin. "C'est très... professionnel. Et je dois dire que votre salle de bain a une excellente... acoustique, j'en suis certain."

  Johnson lui décocha un regard assassin tandis que Victoria reprenait contenance, son visage se figeant dans une expression glaciale.

  "Vous vivez seule ?" demanda Max, soudain sérieux.

  "Avec le personnel, bien s?r. Mais personne n'est entré dans ma chambre." Elle fit défiler jusqu'à une autre photo, cette fois avec une précaution manifeste. "Et ceci est apparu dans mon miroir de salle de bain ce matin."

  L'image montrait un symbole complexe, ressemblant vaguement à une clé de sol déformée, tracé avec une substance brunatre. Max reconnut immédiatement la nature de cette "peinture".

  "Du sang," murmura-t-il. "Probablement pas humain, cependant."

  Victoria frissonna imperceptiblement. "Je ne suis pas facilement impressionnable, Monsieur Johnson. Je dirige la branche pharmaceutique de Blackwood Industries depuis cinq ans. J'ai géré des crises, des tentatives d'intimidation industrielle, même une tentative d'enlèvement. Mais ceci..." Elle désigna le téléphone. "Ceci me dépasse."

  Johnson étudia à nouveau les images, puis regarda Max. "Qu'en penses-tu ?"

  Max hocha lentement la tête. "Ce symbole... Je l'ai déjà vu. Ou quelque chose de similaire. Dans les archives de Morrison, peut-être." Il se tourna vers Victoria. "Quand ces incidents ont-ils commencé exactement ?"

  "Il y a deux semaines."

  "Et faites-vous partie d'un groupe quelconque lié à la musique ? Orchestre, club, n'importe quoi ?"

  Elle le regarda avec étonnement. "Non. Pourquoi cette question ?"

  "Parce que ce symbole est une notation musicale ancienne. Très ancienne. Et modifiée d'une fa?on particulière." Max se leva, s'approchant du téléphone pour mieux examiner l'image. "Et 'Résonance 7' n'est pas une menace ordinaire."

  Johnson tira une dernière fois sur son cigare avant de l'écraser. "Mademoiselle Blackwood, j'ai bien peur que votre situation ne soit plus sérieuse que les habituelles manifestations paranormales. Nous allons vous assigner notre meilleur élément pour votre protection."

  Max bomba le torse, prêt à accepter le compliment.

  "Rodriguez devrait être disponible demain," continua Johnson.

  "Quoi ?" s'exclama Max. "Rodriguez ne reconna?trait pas une notation musicale même si elle lui mordait le cul ! C'est mon domaine !"

  Victoria Blackwood les observait avec un mélange d'incrédulité et d'impatience. "Je n'ai pas le temps pour ces querelles internes. J'ai une réception de charité ce soir au Bellamy Hotel. J'ai besoin de protection maintenant."

  Johnson soupira profondément. "Malheureusement, Rodriguez est en mission jusqu'à demain. Il ne reste que..." Son ?il se posa sur Max avec une résignation évidente.

  "Moi !" compléta joyeusement Max. "Max Delacroix, à votre service. Spécialiste des phénomènes soniques et des manifestations musicales interdimensionnelles."

  Victoria le toisa des pieds à la tête. "Vous ?"

  "Ne vous fiez pas aux apparences, princesse. J'ai envoyé plus de démons en enfer que tous les prêtres de ce c?té de l'Atlantique."

  "Et causé plus de dégats collatéraux que la plupart des catastrophes naturelles," ajouta Johnson sous sa barbe.

  Victoria semblait à deux doigts de faire demi-tour. "Est-ce vraiment votre meilleure option ?"

  "Pour ce type spécifique de problème ? Malheureusement, oui," admit Johnson. "Derrière cette fa?ade de rockeur raté se cache un expert des phénomènes vibrationnels. Si votre cas implique des résonances, Delacroix est votre homme."

  Max s'inclina dans une parodie de révérence. "Flatté, boss. Je savais que tu m'aimais."

  Victoria soupira, une main élégante massant sa tempe. "Très bien. Mes honoraires habituels s'appliqueront, je présume ?"

  Johnson acquies?a. "Plus un supplément pour les risques potentiels. Et les frais de nettoyage, probablement."

  "Peu importe. Envoyez-moi le contrat." Elle se tourna vers Max. "Quant à vous, je vous veux présentable. La réception commence à 20h. Trente-cinquième étage du Bellamy. Et par présentable, j'entends sans ces..." elle agita vaguement la main vers son apparence générale, "... tout ?a."

  "Vous brisez mon c?ur, princesse. Cette veste en cuir a survécu à plus d'apocalypses que votre garde-robe entière."

  "20h. Ne soyez pas en retard." Sans un mot de plus, elle tourna les talons et sortit, laissant derrière elle un sillage de parfum co?teux et de mépris aristocratique.

  Un silence s'installa dans le bureau. Puis Johnson éclata de rire. "Tu es dans la merde, Delacroix. Cette femme va te briser en deux à la première remarque déplacée."

  "Challenge accepted." Max étira ses bras au-dessus de sa tête. "Alors, ces notations musicales. Tu penses à ce que je pense ?"

  Le rire de Johnson mourut instantanément. "La Secte de l'Harmonique ? On n'a plus entendu parler d'eux depuis des années."

  "Et soudain, des brèches apparaissent partout, et une riche héritière est ciblée avec des symboles de résonance." Max haussa les épaules. "Les co?ncidences, ?a n'existe pas dans notre ligne de travail."

  "Fais attention, Max. Si La Secte est de retour, ce n'est pas un job ordinaire. Ce sont des fanatiques."

  "Je sais. Je me souviens des dossiers. Des tarés qui croient pouvoir ouvrir des portails permanents vers l'Astral en harmonisant certaines fréquences." Max passa Lady Shredder de son dos à ses mains, caressant distraitement les cordes. "Pourquoi cibler Blackwood, par contre ? Qu'est-ce qu'une pharmabitch a à voir avec des résonances dimensionnelles ?"

  Johnson ouvrit un tiroir et en sortit une flasque qu'il tendit à Max. "C'est à toi de le découvrir. Mais ne sous-estime pas Victoria Blackwood. Son père a une réputation... particulière dans certains cercles."

  Max but une gorgée et grima?a – du whisky bon marché, mais fort. "Quel genre de réputation ?"

  "Le genre qui fait que même les démons préfèrent ne pas s'y frotter directement." Johnson reprit la flasque. "Prends ?a comme tu veux, mais si la fille Blackwood est ciblée, ce n'est pas un hasard."

  Max se leva, réajustant Lady Shredder sur son dos. "Bon, j'ai quelques heures pour me transformer en prince charmant. Je vais avoir besoin d'une avance sur la mission."

  Johnson soupira mais ouvrit son tiroir pour en sortir quelques billets. "Ne me fais pas regretter ?a."

  "Jamais, boss." Max empocha l'argent avec un sourire. "Je vais juste faire quelques préparatifs dans mon nouveau palace avant la soirée."

  Le "nouveau palace" de Max était en réalité un entrep?t abandonné près des docks, où il avait établi un point de chute d'urgence quelques mois auparavant. Une mezzanine aménagée sommairement faisait office d'appartement : un matelas posé sur des palettes, une table bancale couverte d'équipements et de livres anciens, et une vieille armoire métallique contenant son arsenal spécialisé.

  Il posa Lady Shredder sur son support custom – un crane de démon modifié pour servir de socle, les cornes maintenant l'instrument en équilibre. La guitare émit un léger bourdonnement, comme pour protester d'être séparée de son propriétaire.

  "Je sais, ma belle. Moi non plus je n'aime pas les soirées mondaines. Mais le devoir nous appelle. Et l'argent, surtout l'argent."

  Max ouvrit l'armoire et contempla son contenu. Diverses armes modifiées pour combattre des entités spécifiques s'alignaient sur les étagères : un fusil à pompe dont les cartouches contenaient un mélange de sel consacré et d'argent, une collection de couteaux aux alliages spéciaux, des grenades remplies d'eau bénite et d'essences purificatrices, et divers gadgets de sa propre conception.

  Sur l'étagère du bas, une cage en fer forgé dissimulait une créature de la taille d'un chat, mais dont l'apparence n'avait rien de félin. La chose – un démon mineur capturé lors d'une mission précédente – sifflait et se contorsionnait, révélant occasionnellement des rangées de petites dents acérées.

  "Salut, Herbert," lan?a Max en s'accroupissant devant la cage. "Papa a besoin de tester quelque chose."

  Il prit un petit appareil ressemblant à un accordeur de guitare et l'approcha de la cage. La chose recula jusqu'au fond, visiblement terrifiée.

  "Allez, fais pas ta diva. C'est pour la science." Max activa l'appareil qui émit une série de bips puis une note constante. Le petit démon se recroquevilla, tremblant.

  "Intéressant. Réaction négative à 440 hertz. Voyons voir..." Il ajusta le cadran, modifiant la fréquence. à 528 hertz, la créature sembla se détendre, presque comme hypnotisée.

  "Jackpot ! La fréquence de guérison. Va falloir que je m'en souvienne." Il nota l'information dans un carnet usé couvert de gribouillis et de taches suspectes.

  Max passa l'heure suivante à préparer divers équipements pour la soirée. Il chargea plusieurs médiators spéciaux dans un étui discret – certains étaient faits d'alliages spécifiques, d'autres gravés de symboles de protection. Il vérifia son "kit d'urgence" : poudres de différentes couleurs, chacune ayant un effet spécifique sur certaines entités astrales, amulettes de protection mineures, et une fiole d'eau bénite premium (volée dans une cathédrale à Milan, supposément bénie par le pape lui-même).

  Une douche rapide plus tard – dans la plomberie industrielle crachotante qui desservait l'entrep?t – Max contemplait son unique costume, pendu à un clou rouillé. L'ensemble noir, acheté dans un magasin d'occasion pour une mission d'infiltration trois ans auparavant, avait vu des jours meilleurs. Les manches étaient légèrement br?lées aux extrémités (un incident impliquant un élémentaire de feu), et diverses taches témoignaient de rencontres peu rago?tantes avec des fluides démoniaques.

  "?a fera l'affaire," marmonna-t-il en l'enfilant. "De toute fa?on, s'il y a vraiment un danger, je ne vais pas le combattre en Armani."

  Alors qu'il se préparait, ses pensées dérivèrent vers son passé. Vers l'époque où il croyait que son talent musical lui ouvrirait les portes de la gloire. Avant qu'il ne découvre, de la manière la plus brutale possible, que certaines harmonies n'étaient pas destinées à être jouées dans ce plan d'existence.

  Son groupe – "Cosmic Carnage" – avait été sa vie pendant près de cinq ans. Quatre musiciens médiocres mais passionnés, jouant dans des bars miteux pour une poignée de fans éméchés. Jusqu'à cette nuit à Baltimore, où ils avaient tenté un riff expérimental basé sur un vieux grimoire trouvé dans une boutique d'ésotérisme. Le résultat ? Trois spectateurs possédés, le batteur dans un asile psychiatrique, et Max propulsé dans une carrière dont il n'avait jamais soup?onné l'existence.

  "On était vraiment mauvais," rit-il en ajustant sa cravate. "Tellement mauvais qu'on faisait fuir les démons."

  Lady Shredder émit un son qui ressemblait presque à un rire moqueur.

  "Hé, un peu de respect ! Sans Cosmic Carnage, tu ne serais qu'une Gibson ordinaire, ma belle."

  Max prit son téléphone et vérifia l'heure – 19h15. Juste le temps de rejoindre le Bellamy Hotel. Il glissa quelques accessoires essentiels dans les poches intérieures de sa veste, puis hésita devant Lady Shredder.

  Amener une guitare-tron?onneuse-fusil à une soirée de charité n'était probablement pas l'idée du siècle. D'un autre c?té, si la menace était réelle...

  "Désolé, princesse, mais je ne peux pas te trimballer en smoking." Il sortit d'un étui ce qui ressemblait à une guitare acoustique miniature – un ukulélé modifié, assez petit pour être dissimulé dans un grand étui à documents. L'instrument, qu'il avait surnommé "Baby Shredder", était une version compacte de son arme principale, moins puissante mais infiniment plus discrète.

  "Ce soir, c'est ton petit frère qui joue." Il caressa une dernière fois les cordes de Lady Shredder, qui vibra doucement en réponse. "Je reviens vite. Garde la maison."

  Max quitta l'entrep?t, l'étui à la main, avec la curieuse sensation que cette mission serait tout sauf ordinaire. Quand Victoria Blackwood avait mentionné "Résonance 7", un frisson avait parcouru sa colonne vertébrale – le genre d'avertissement instinctif qui l'avait maintenu en vie dans ce métier mortel.

  "Allez, Havok," murmura-t-il en enfourchant sa moto. "Showtime."

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